Article paru sur le site de Mgr Dominique Le Tourneau
L’effet principal de ce sacrement est la rémission du péché mortel par infusion de la grâce habituelle et rémission de la peine éternelle, et donc la réconciliation avec Dieu (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1468). Dans le sacrement de la Pénitence, Dieu nous pardonne nos péchés mortels et les péchés véniels, et nous confère et augmente la grâce sanctifiante.
« Induimini Dominum Iesum Christum » — revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, disait saint Paul aux Romains. — C’est dans le sacrement de la Pénitence que nous nous
revêtons, toi et moi, de Jésus-Christ et de ses mérites » (saint Josémaria, Chemin,
n° 310).
Celui qui avait commis un péché mortel récupère donc, par la confession, l’amitié avec Dieu — l’état de grâce — ; les portes du ciel s’ouvrent à lui, et la peine éternelle lui est
pardonnée intégralement, mais la peine temporelle n’est pas toujours entièrement effacée. Il restera à la purger soit sur terre, en acceptant et offrant les difficultés de la vie et des
privations volontaires ou en obtenant des indulgences, soit au purgatoire. C’est un aspect sur lequel je reviendrai.
Le pénitent reçoit la grâce sacramentelle, c’est-à-dire la grâce propre au sacrement de pénitence, qui le rend fort pour la lutte intérieure et l’aide à éviter les péchés à l’avenir, notamment de retomber dans les mêmes fautes. La réception fréquente et régulière du sacrement de pénitence renforce toute la vie spirituelle, car elle rend l’âme plus fine, plus délicate et plus robuste.
« Ce sacrement nous réconcilie avec l’Église. Le péché ébrèche ou brise la communion fraternelle. Le sacrement de Pénitence la répare ou la restaure. En ce sens, il ne guérit pas seulement celui qui est rétabli dans la communion ecclésiale, il a aussi un effet vivifiant sur la vie de l’Église qui a souffert du péché d’un de ses membres (cf. 1 Corinthiens 12, 26). Rétabli [en cas de péché mortel] ou affermi [dans le cas des péchés véniels] dans la communion des saints, le pécheur est fortifié par l’échange des biens spirituels entre les membres vivants du Corps du Christ, qu’ils soient encore en l’état de pèlerinage [sur terre] ou qu’ils soient déjà dans la patrie céleste » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1469).
La confession sacramentelle restitue la paix et la sérénité de la conscience et apporte la consolation spirituelle. « Lorsque vous sortez du confessionnal vous êtes en état de grâce ». L’état de grâce… Eh bien ! que voulez-vous, il n’y paraît pas beaucoup. Nous nous demandons ce que vous faites de la grâce de Dieu. Ne devrait-elle pas rayonner de vous ? Où diable cachez-vous votre joie ? » (G. Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune). Il n’en reste pas moins que la confession est « le sacrement de la joie », comme l’appelait saint Josémaria, joie de l’amour de Dieu retrouvé, joie de l’intimité accrue avec Dieu. Le pénitent ouvre ainsi « un nouvel espace pour la liberté » (Jean-Paul II, discours, 21 janvier 1983), car la confession rend libre, « de la liberté par laquelle le Christ nous a libérés » (Galates 4, 31).
Dans l’âme de celui qui s’est confessé d’un péché mortel, le sacrement de pénitence a pour effets secondaires de faire revivre les vertus (« reviviscence des vertus ») ainsi que les mérites (« reviviscence des mérites ») acquis précédemment au péché. L’homme est ainsi rétabli dans sa dignité d’ami de Dieu. Le péché mortel ayant eu, en effet, pour conséquence de couper l’âme de Dieu, il s’ensuit qu’elle a perdu non seulement la grâce sanctifiante, mais aussi toutes les autres grâces ainsi que les vertus surnaturelles et les « mérites » acquis pour les bonnes œuvres accomplies en état de grâce (sur la notion de mérite, voir la note du ). Cependant, la bonté de Dieu est telle que lorsque quelqu’un se réconcilie avec lui, non seulement il récupère la grâce sanctifiante — ce qui est l’effet premier et principal du sacrement de réconciliation —, mais aussi tous les mérites antérieurs qui avaient été comme « mis entre parenthèses », ainsi que les mérites des bonnes œuvres qu’il a accomplies en état de péché mortel et qui ne pouvaient pas produire alors leurs effets. Ces œuvres « revivent » ou commencent à « vivre ». C’est ce que les théologiens qualifient de « reviviscence ». Sans être un dogme de foi, c’est une doctrine communément admise.
Un effet de ce sacrement est « l’accueil du pécheur par la communauté ecclésiale parce que le sacrement de réconciliation est œuvre de paix. Cette œuvre de paix dépasse le cercle de ceux qui le reçoivent. Le sacrement agit au bénéfice de tous les hommes et rend présentes au monde la miséricorde et la réconciliation auxquelles ils aspirent et que Dieu rend possibles » (Catéchisme des évêques de France, n° 442). La réconciliation avec Dieu « a pour ainsi dire comme conséquences d’autres réconciliations, qui portent remède à d’autres ruptures causées par le péché : le pénitent pardonné se réconcilie avec lui-même dans les profondeurs de son être, où il retrouve sa vérité intérieure ; il se réconcilie avec ses frères, agressés et lésés par lui en quelque sorte ; il se réconcilie avec l’Église ; il se réconcilie avec toute la création » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Réconciliation et pénitence, n° 31.V).
Notons encore qu’en se remettant au jugement miséricordieux de Dieu, le pécheur « anticipe d’une certaine façon le jugement auquel il sera soumis à la fin de cette vie terrestre. Car c’est maintenant, dans cette vie-ci, que nous est offert le choix entre la vie et la mort, et que ce n’est que par le chemin de la conversion que nous pouvons entrer dans le Royaume d’où est exclu tout péché grave » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1470). Le jugement particulier qui interviendra au moment de notre mort ne sera alors plus qu’une récapitulation de ce qui est déjà connu et pour l’essentiel pardonné. Dans ces conditions, il n’y aura pas de surprise désagréable. « Vois comme elle est tendre et miséricordieuse, la justice de Dieu ! — La justice humaine punit celui qui avoue sa faute. La Justice divine, elle, pardonne.
Béni soit le sacrement de la pénitence ! » (saint Josémaria, Chemin, n° 30