Quelques conseils du Pape François pendant ce mois d'octobre, utilisant des comparaisons imagées et parlantes.
La stupidité technocratique et le « familisme amoral » – se conjuguent et s’alimentent mutuellement
Audience publique du 7 octobre 2015 :
« On ne donne pas à la famille le poids qui lui est dû […] La famille non seulement ne reçoit pas une juste reconnaissance mais elle ne génère pas non plus d’apprentissage ! Parfois, on aurait envie de dire que, avec toute sa science et sa technique, la société moderne n’est pas encore en mesure de traduire ces connaissances en de meilleures formes de coexistence civile. Non seulement l’organisation de la vie commune s’échoue de plus en plus dans une bureaucratie totalement étrangère aux liens humains fondamentaux, mais les mœurs sociales et politiques donnent souvent des signes de dégradation – agressivité, vulgarité, mépris – qui sont bien en-dessous du seuil d’une éducation familiale même minimale. Dans ces circonstances, les extrêmes opposés de cet avilissement des relations – à savoir la stupidité technocratique et le « familisme amoral » – se conjuguent et s’alimentent mutuellement. C’est un paradoxe. »
Le mariage n’est pas une utopie propre à l’adolescence
Homélie du 4 octobre, à l’ouverture du synode sur la famille :
« Pour Dieu, le mariage n’est pas une utopie propre à l’adolescence, mais un rêve sans lequel sa créature sera destinée à la solitude ! En effet, la peur d’adhérer ce projet paralyse le cœur humain.
Paradoxalement aussi, l’homme d’aujourd’hui – qui ridiculise souvent ce dessein – reste attiré et fasciné par tout amour authentique, par tout amour solide, par tout amour fécond, par tout amour fidèle et perpétuel. Nous le voyons suivre les amours temporaires, mais il rêve de l’amour authentique ; il court derrière les plaisirs de la chair, mais il désire la donation totale. […] Maintenant que nous avons pleinement savouré les promesses de la liberté sans limite, nous commençons à comprendre de nouveau l’expression ‘tristesse de ce monde’. Les plaisirs interdits ont perdu leur attrait dès qu’ils ont cessé d’être interdits. Même s’ils sont poussés à l’extrême et s’ils sont renouvelés indéfiniment, ils restent insipides parce qu’ils sont des choses finies, et nous, au contraire, nous avons soif d’infini’ (Joseph Ratzinger). »
Nous sommes invités à vivre la révolution de la tendresse
Le 22 septembre, au sanctuaire de Notre Dame del Cobre, à Cuba :
« Nous sommes invités à ‘sortir de chez nous’, à avoir les yeux et le cœur ouverts aux autres. Notre révolution passe par la tendresse, par la joie qui se fait toujours proximité, qui se fait toujours compassion et nous conduit à nous impliquer, pour servir, dans la vie des autres. Notre foi nous fait sortir de chez nous pour aller à la rencontre des autres afin de partager joies et allégresses, espérances et frustrations. Notre foi nous fait sortir de la maison pour visiter le malade, le détenu, celui qui pleure et celui qui sait aussi rire avec celui qui rit, se réjouir des joies des voisins. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sert, qui sort de chez elle, qui sort de ses temples, de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité. Comme Marie, Mère de la Charité, nous voulons être une Église qui sort de la maison pour établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sache accompagner toutes les situations ‘embarrassantes’ de nos gens, engagés dans la vie, la culture, la société, pas en nous retirant mais en cheminant avec nos frères. »
Le langage aigre et belliqueux de la division ne convient pas aux lèvres d’un pasteur
Aux évêques des États-Unis, le 23 septembre 21015 :
« Le langage aigre et belliqueux de la division ne convient pas aux lèvres d’un pasteur, il n’a pas droit de cité dans son cœur et, même s’il semble pour un moment assurer une apparente hégémonie, seul l’attrait durable de la bonté et de l’amour reste vraiment convainquant. Il faut laisser pour toujours résonner dans notre cœur la parole du Seigneur : ‘Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme’ (Mt 11, 28-30). Le joug de Jésus est un joug d’amour et donc promesse de repos. Parfois la solitude de nos peines nous pèse, et nous prenons tellement sur nous le joug que nous ne nous souvenons plus de l’avoir reçu du Seigneur. Il semble seulement nôtre, et donc nous nous trainons comme des bœufs fatigués dans le champ aride, menacés par la sensation d’avoir travaillé en vain, oubliant la plénitude du repos indissociablement lié à celui qui nous en a fait la promesse. Apprendre de Jésus, mieux encore, apprendre Jésus, doux et humble ; entrer dans sa douceur et dans son humilité par la contemplation de son agir. Introduire nos Églises et notre peuple, souvent écrasé par la dure anxiété de la performance, dans la suavité du joug du Seigneur. »
Un jeune qui n’est pas capable de rêver est reclus en lui-même
Discours aux jeunes, à La Havane, le 22 septembre 2015 :
« Un jeune qui n’est pas capable de rêver est reclus en lui-même, enfermé en lui-même. Tout le monde rêve des choses qui n’arriveront jamais… Mais rêve-les, désire-les, cherche des horizons, ouvre-toi, ouvre-toi à de grandes choses ! […] Rêve que le monde peut être différent avec toi. Rêve qu’en donnant le meilleur de toi-même, tu aideras à faire que ce monde soit différent. […] Parfois, vous vous laissez transporter et vous rêvez trop, et la vie vous barre la route. Peu importe, rêvez ! Et racontez vos rêves. Racontez, parlez des grandes choses que vous désirez, parce que plus ta capacité de rêver est grande – et la vie te laisse à mi-chemin – plus tu as parcouru de route. C’est pourquoi, avant tout, rêver. […] Un peuple qui ne se préoccupe pas du travail des jeunes n’a pas de futur.»
Jésus n’était pas un célibataire endurci
À Philadelphie, le 25 septembre 2015 :
« Jésus n’était pas un célibataire endurci, loin de là ! Il a pris l’Église comme épouse, et a fait d’elle un peuple à lui. Il a donné sa vie pour ceux qu’il aimait, de sorte que son épouse, l’Église, puisse toujours savoir qu’il est Dieu avec nous, avec son peuple, avec sa famille. »
Nous ne sommes pas des fakirs
À Sainte-Marthe, le 22 octobre 2015 :
« Nous pouvons penser que la sanctification vient pour l’effort que moi je fais, comme la victoire pour le sportif vient par l’entrainement. Non, l’effort que nous, nous faisons, ce travail quotidien de servir le Seigneur avec notre âme, avec notre cœur, avec notre corps, avec toute notre vie, ouvre seulement la porte à l’Esprit Saint. C’est lui qui entre en nous et nous sauve ! C’est lui qui est le don en Jésus-Christ ! Au contraire, nous ressemblerions aux fakirs : nous ne sommes pas des fakirs. Nous, avec notre effort, nous ouvrons la porte.»
Pas de société-forteresse
Angelus du 4 octobre 2015 :
« Demandons au Seigneur que tous les parents et éducateurs du monde entier, la société tout entière, deviennent des instruments de cet accueil et de cet amour avec lesquels Jésus embrasse les plus petits. Jésus regarde dans leurs cœurs avec la tendresse et la sollicitude à la fois d’un père et d’une mère. Je pense à tous ces enfants affamés, abandonnés, exploités, poussés à la guerre, rejetés. Quelle souffrance les images de tous ces enfants malheureux, le regard perdu, fuyant la pauvreté et les conflits, qui frappent à nos portes et à nos cœurs pour implorer notre aide ! Que le Seigneur nous aide à ne pas être une société-forteresse, mais une société-famille, capable d'accueillir, avec des règles appropriées, mais d’accueillir toujours avec amour ».
Le démon frappe à la porte, il demande la permission
À Sainte-Marthe, le 9 octobre 2015 :
« Avant on savait que c’était le démon qui tourmentait. Maintenant, le Malin est caché, il vient avec ses amis très éduqués, il frappe à la porte, il demande la permission, il entre et cohabite avec cet homme, sa vie quotidienne, et petit à petit, il donne ses instructions. Avec cette modalité éduquée, le diable convainc de faire les choses avec relativisme, tranquillisant la conscience. Tranquilliser la conscience. Anesthésier la conscience. Ceci est un grand mal. Quand l’esprit mauvais réussit à anesthésier la conscience, on peut parler de sa vraie victoire, il devient le patron de cette conscience. ’Mais cela arrive partout ! Oui, mais tous nous avons des problèmes, tous nous sommes pécheurs, tous.’ Et dans ce ’tous’ il n'y a ‘personne’. ‘Tous, mais pas moi.’ Et ainsi se vit cette mondanité qui est fille de l’esprit mauvais. »
Le pape ne porte pas des chaussures rouges
Conversation avec la presse, dans le vol Santiago du Chili-Washington, le 24 septembre 2015 :
« Un cardinal ami m’a raconté qu’une dame est allée le voir, très préoccupée : très catholique, un peu rigide, la dame, mais bonne catholique… Et elle lui a demandé s’il était vrai que, dans la Bible, on parlait d’un antéchrist […] et puis, s’il était vrai qu’on parlait d’un antipape, […] —Mais pourquoi me posez-vous cette question ?’ a demandé le cardinal. — Mais parce que je suis sûre que le pape François est l’antipape. — Et pourquoi ? lui demande-t-il, pourquoi avez-vous cette idée ? — Eh bien parce qu’il ne porte pas les chaussures rouges ! » Tel quel, historique !…