Textes de Benoit XVI
Il est émouvant pour moi de voir comment, partout dans l’Eglise, la joie de l’adoration eucharistique est en train de se réveiller, et que ses fruits se manifestent. Au cours de la période de la
réforme liturgique, la Messe et l’adoration en dehors de la Messe étaient souvent considérées comme en opposition : le Pain eucharistique ne nous aurait pas été donné pour être contemplé, mais
pour être mangé, selon une objection alors courante. Dans l’expérience de prière de l’Eglise s’est désormais manifestée le manque de sens d’une telle opposition. Augustin avait déjà dit :
"...nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit ;... peccemus non adorando - Que personne ne mange cette chair sans auparavant l’adorer ;... nous pécherions si nous ne l’adorions
pas" (cf. Enarr ; in Ps 98, 9 CCL XXXOX 1385). De fait, dans l’Eucharistie nous ne recevons pas simplement quelque chose. Celle-ci est la rencontre et l’unification de personnes
; cependant, la personne qui vient à notre rencontre et qui désire s’unir à nous est le Fils de Dieu. Une telle unification ne peut se réaliser que selon la modalité de l’adoration. Recevoir
l’Eucharistie signifie adorer Celui que nous recevons. Ce n’est qu’ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons une seule chose avec Lui. C’est pourquoi le développement de l’adoration
eucharistique, telle qu’elle a pris forme au cours du Moyen-âge, était la conséquence la plus cohérente du mystère eucharistique lui-même : un accueil profond et véritable ne peut mûrir que dans
l’adoration. C’est précisément dans cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite également la mission sociale qui est contenue dans l’Eucharistie et qui veut briser les
barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais également et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres.
Benoît XVI, Discours adressé à la curie romaine à l’occasion de la présentation des vœux de Noël, 22 décembre 2005.
Une façon essentielle d'être avec le Seigneur est l'Adoration eucharistique. […] Le Seigneur, dans l'une de ses paraboles, nous parle du trésor caché dans le champ. Celui qui l'a trouvé, nous
raconte-t-il, vend tous ses biens pour pouvoir acheter le champ car le trésor caché dépasse tout autre valeur. Le trésor caché, le bien au-dessus de tous les autres biens, est le Royaume de Dieu
- c'est Jésus lui-même, le Royaume en personne. Dans l'Hostie sacrée, il est présent, le véritable trésor, que nous pouvons toujours atteindre. Ce n'est que dans l'adoration de cette présence que
nous apprenons à le recevoir de façon juste - nous apprenons à dialoguer, nous apprenons de l'intérieur la célébration de l'Eucharistie. Je voudrais citer à ce propos une belle parole d'Edith
Stein, la sainte co-patronne de l'Europe, qui écrit dans l'une de ses lettres : "Le Seigneur est présent dans le tabernacle avec divinité et humanité. Il est là, non pas pour lui-même, mais pour
nous: car sa joie est d'être avec les hommes. Et parce qu'il sait que nous, tel que nous sommes, avons besoin de sa proximité personnelle. La conséquence pour tous ceux qui ont des pensées et des
sentiments normaux est de se sentir attirés et de s'arrêter là à chaque fois et aussi longtemps que cela leur est permis" (Gesammelte Werke, VII, 136f). Nous aimons être avec le Seigneur !
Là, nous pouvons parler avec Lui de tout. Nous pouvons lui soumettre nos questions, nos préoccupations, nos angoisses. Nos joies. Notre gratitude, nos déceptions, nos requêtes et nos espérances.
Là, nous pouvons également lui répéter toujours à nouveau : "Seigneur, envoie des ouvriers à ta moisson ! Aide-moi à être un bon ouvrier dans ta vigne !".
Benoît XVI, Homélie à la Basilique Sainte-Anne, Altötting, 11 septembre 2006.
Déjà saint Augustin avait dit : « nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit ;... peccemus non adorando – Que personne ne mange cette chair sans d'abord l'adorer ;... nous pécherions
si nous ne l'adorions pas ». Dans l'Eucharistie, en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire s'unir à nous; l'adoration eucharistique n'est rien d'autre que le développement
explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d'adoration de l'Église. Recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en attitude d'adoration envers Celui que nous
recevons. C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que nous goûtons par avance, d'une certaine façon, la beauté de la liturgie céleste. L'acte d'adoration en
dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, « ce n'est que dans l'adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et
c'est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l'Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le
Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres ».
Avec l'assemblée synodale, je recommande donc vivement aux Pasteurs de l'Église et au peuple de Dieu la pratique de l'adoration eucharistique, qu'elle soit personnelle ou communautaire. A ce
propos, une catéchèse adaptée, dans laquelle on explique aux fidèles l'importance de cet acte du culte qui permet de vivre plus profondément et avec davantage de fruit la célébration liturgique
elle-même, sera d'une grande utilité. Dans les limites du possible, surtout dans les zones les plus peuplées, il conviendra de réserver tout spécialement à l'adoration perpétuelle des églises et
des chapelles. En outre, je recommande que dans la formation catéchétique, en particulier dans les parcours de préparation à la Première Communion, les enfants soient initiés au sens et à la
beauté du fait de se tenir en compagnie de Jésus, en cultivant l'admiration pour sa présence dans l'Eucharistie.
Benoît XVI, Exhortation Apostolique Post-Synodale Sacramentum Caritatis (67), 22 février 2007.
Je voudrais saisir l’occasion qui m’est offerte par la solennité d’aujourd’hui [la Fête-Dieu] pour recommander vivement la pratique de l’adoration eucharistique aux pasteurs et à tous les
fidèles. J’encourage les Instituts de Vie consacrée ainsi que les associations et les confraternités qui s’y consacrent de manière spéciale : ils rappellent à tous le caractère central du Christ
dans notre vie personnelle et ecclésiale. Je me réjouis par ailleurs de constater que de nombreux jeunes découvrent la beauté de l’adoration aussi bien personnelle que communautaire. J’invite les
prêtres à encourager les groupes de jeunes dans ce sens, mais également à les suivre afin que les formes d’adoration communautaire soient toujours appropriées et dignes, avec des temps adaptés de
silence et d’écoute de la Parole de Dieu. Dans la vie d’aujourd’hui, souvent bruyante et chaotique, il est plus important que jamais de retrouver la capacité de silence intérieur et de
recueillement : l’adoration eucharistique permet de le faire non seulement autour du « moi » mais en compagnie de ce « Tu » plein d’amour qui est Jésus Christ, « le Dieu qui nous est proche
».
Benoît XVI, Angélus, dimanche 10 juin 2007.
Adorer le Dieu de Jésus Christ, qui, par amour s'est fait pain rompu, est le remède le plus valide et radical contre les idolâtries d'hier et d'aujourd'hui. S'agenouiller devant l'Eucharistie est
une profession de liberté : qui s'incline devant Jésus ne peut et ne doit pas se prosterner devant aucun autre pouvoir terrestre, si fort fût-il. Nous, chrétiens, nous ne nous agenouillons que
devant le Saint-Sacrement, parce que nous savons et nous croyons qu'en lui l'unique vrai Dieu est présent, lui qui a créé le monde et l'a tant aimé qu'il lui a donné son Fils unique.
Nous nous prosternons devant un Dieu qui le premier s'est incliné vers l'homme comme un bon Samaritain, pour le secourir et lui redonner la vie.
Adorer le Corps du Christ veut dire croire qu'en lui, dans ce morceau de pain, il y a réellement le Christ, qui donne un vrai sens à la vie, à l'immense univers et à la créature la plus petite, à
toute l'histoire humaine comme à la plus brève existence. L'adoration est prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l'âme continue à se nourrir : à se
nourrir d'amour, de vérité, de paix ; se nourrit d'espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme.
Benoît XVI, Solennité du « Corpus Domini » (Fête Dieu), jeudi 22 mai 2008.